Premiers Jours en Hypokhâgne: Mes Impressions

Mercredi-17h45: Je viens d’arriver dans ma chambre après une troisième journée de cours qui s’est révélée passionnante mais aussi épuisante! Bon, il faut dire que je me suis couchée tard hier soir car avait lieu la dernière répétition « entre nous » (c’est à dire pas sur scène) d’un spectacle que je prépare et dont je vous parlerai bientôt. Donc en me levant ce matin, je savais que je serais fatiguée, à l’heure même où je vous écris.

Me revoilà à 21H30 après une bonne sieste et une petite séance de lecture/révisions fort sympathique! Et je ne rigole même pas: je fais mes devoirs DE BON CŒUR! Jamais je ne me serais autorisée à croire qu’un jour, mes devoirs consisteraient à étudier le monde Minoen ou à apprendre du vocabulaire de Grec Ancien! Cela me paraît surréaliste parce-que comme vous devez le savoir maintenant, j’ai toujours pris les décisions les plus sécurisantes, celles qui m’ouvraient les portes dont tout le monde croit qu’elles sont les seules à être ouvertes et qui valent la peine d’être passées. Aurais-ce vraiment été si saugrenu d’y croire? Au fond, j’ai toujours su qu’un jour, d’une manière ou d’une autre, j’apprendrais les langues anciennes, à philosopher et à écrire. Laissez moi vous donner un exemple très significatif: je viens de lire qu’il existait des traces écrites, datant du IIème millénaire av. J-C, en « linéaire A », en Crète. J’ai tapé « linéaire A » dans mon moteur de recherche, car comme beaucoup de monde, j’ignorais ce que cela pouvait bien être, ou plutôt à quoi cette langue pouvait bien ressembler… J’ai découvert avec excitation qu’il s’agissait d’une langue découverte au XXème siècle de notre ère qui n’a pas encore été déchiffrée! J’ai eu des papillons dans le ventre et mon cœur m’a dit dans un sursaut « Alors c’est toi qui va la déchiffrer! ». Et c’est comme ça depuis que je suis toute petite… Je m’étais mise en tête de retrouver le site archéologique de la ville de Troie et c’est vous dire ma déception – et mon admiration – quand j’ai découvert que quelqu’un s’en était déjà chargé!

Samedi-17h: Déchiffrer le linéaire A! J’en rêve et pourtant j’ai peur de ne pas être à la hauteur de mes ambitions, comme chacun d’entre nous, je suppose. Et si, même en fournissant tout le travail du monde, je n’étais pas capable de savoir tout ce qu’il faudrait savoir, de lire tout ce qu’il faudrait lire, de comprendre tout ce que les érudits du passé et du présent ont déjà compris?… La tâche me semble colossale. Comment réunir, en l’espace de deux années, deux toutes petites années, toutes ces connaissances et développer les facultés nécessaires pour parvenir à les mobiliser judicieusement? Est-ce seulement possible pour moi, pour mon cerveau?

« The best way to get ahead, is to get started. » Voilà la phrase qui m’a fait comprendre, déjà l’an dernier, quel était mon problème, problème qu’apparemment je possède toujours: la peur de l’échec me tétanise. C’est la raison pour laquelle, une de mes résolutions cette année était d’AGIR. Je suis une rêveuse dans l’âme, j’adore passer des heures à penser, à comprendre, à imaginer mais dès qu’il s’agit d’utiliser mon corps et/ou mes mains, mon entrain et mon inspiration s’évaporent. On pourrait dire que je préfère errer dans mon monde intérieur que de communiquer ce qui s’y trouve avec le monde extérieur. Si l’on a en effet une âme/un esprit et un corps (liés ou pas), telle est bien la fonction du corps (en très simplifié je pense, il y aurait de quoi faire de nombreuses recherches sur ce sujet…): rendre visible, accessible aux autres, à l’altérité en général, ce qui est invisible, ce qui n’est pas matériel, ce que recèle notre esprit, non? Eh bien, il semblerait que cela me demande un effort considérable de faire passer mes idées dans le monde matériel… J’imagine qu’il doit y avoir plusieurs raisons à ce blocage et pour l’instant, j’en vois deux:

  • Je n’ai pas trouvé le medium qui me permettrait de le faire. C’est-à-dire quel matériau utiliser pour représenter et vous faire comprendre correctement ce que je pense et ce que je ressens (cinéma, écriture, chant, musique?…),
  • ou bien (quoi que ce puisse être les deux à la fois, génial…), je suis prise dans un cercle vicieux, qui me pousse à avoir une idée (=inspiration), puis à ressentir le besoin de l’exprimer (=motivation), et enfin qui (ce cercle vicieux), comme un personnage sur mon épaule, me susurre à l’oreille, alors que je m’apprête à poser mon stylo sur ma feuille ou mes doigts sur mon clavier, que mon idée n’est pas valide, pas suffisante, qu’elle ne mérite pas d’être exprimée car je n’appréhende pas encore tout ce qu’elle englobe, et que je n’ai pas inspecté toutes les ramifications de l’arbre de la connaissance qui sont reliées à cette idée. Cette voix me dit que je n’ai pas fini de penser, et que cela ne vaut pas la peine de laisser s’échapper une pensée au bout de laquelle je ne suis pas allée. Alors je vais m’acharner à penser encore ce qui me donnera une autre idée, que je n’aurai pas terminé de développer et ainsi de suite… Je suis bloquée par l’incomplétude de ma connaissance et les limites de ma capacité d’analyse.

Attendez une seconde, je crois que je viens de saisir ce que cela signifie « je suis un être limité ». Je suis limitée dans mon savoir, dans mes aptitudes, mais aussi dans le temps. Je vais mourir un jour. Et d’ici là, il faudra bien que je me sois communiquée au monde. Il faudra bien que j’aie écrit quelque-chose. Je n’ai pas l’éternité devant moi (ni derrière au fond…) pour tout savoir, puis tout comprendre et enfin me décider à partager ce qui sera ressorti de ces millénaires de réflexion personnelle, mais aussi esseulée. Conclusion: il va falloir que je crée des choses imparfaites, incomplètes, voire fausses, ou je ne créerai jamais rien.

Je ne m’en était même pas rendue compte mais j’écris en ce moment même quelque-chose de parfaitement imparfait et, j’en suis sûre, complètement réfutable. Mais je m’exprime et c’est libérateur. Je dois même avouer que je suis plutôt fière de moi, de ce que j’ai écrit. C’est certainement loin d’être parfait mais c’est déjà quelque-chose et cela m’a aidé à trouver une raison logique de rester motivée et de me remettre au travail. Je suis capable de faire passer mes idées de votre côté. Il suffit que je commence à le faire pour ne plus avoir envie de m’arrêter. Voilà pourquoi il est bon de penser mais aussi d’AGIR. Il faut commencer quelque-part, pour arriver plus loin. Je dois croire que j’arriverai plus loin si je me mets à marcher et puis faire un premier pas. C’est aussi simple que cela et pourtant je ne l’avais jamais vraiment compris avant. Je n’y avais jamais songé à l’écrit d’ailleurs… Finalement projeter mes pensées dans le monde réel peut se révéler être un moyen de les éclaircir…

Pour en revenir à mes premières impressions sur la prépa littéraire, j’aimerais ajouter que les gens sont très sympathiques et qu’il est vraiment facile de parler avec eux, car nous avons des centres d’intérêt communs et c’est vraiment agréable de ne pas passer pour quelqu’un de bizarre quand vous dîtes que vous adorez le latin! 😛 Les professeurs sont passionnés et de vrais cracks dans leur domaine, et franchement voir la magnifique cathédrale de strasbourg de la fenêtre de la salle de classe, c’est le grand luxe ahah!

Quoiqu’il en soit, je vais maintenant aller me remettre au travail, si vous aimeriez des informations plus spécifiques par rapport au déroulement de l’année (ce que les professeurs ont passé à peu près toute la semaine à nous expliquer) n’hésitez pas à poser vos questions en commentaire, je serai ravie d’y répondre!

Plein de bisous,

Maurine ❤

« Faith is taking the first step, even when you don’t see the whole staircase. » – Martin Luther King

« Croire c’est monter la première marche, même quand le sommet de l’escalier est hors de vue. » – M. L. King

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3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. plumeimaginaire67 dit :

    Hello !
    Superbe article 🙂 Je suis vraiment contente que tu fasses enfin les études qui te plaisent 🙂
    Et je te comprends tellement quand tu dis que tu es heureuse de ne pas avoir l’air bizarre quand tu dis que tu adore le latin, moi c’est pareil avec la chimie orga 😀
    Et moi aussi je rêve de découvrir des molécules, voire de décrocher un prix Nobel x) 😀

    Aimé par 1 personne

  2. Jeanne dit :

    Mince Maurine, moi aussi je voulais déchiffrer le Linéaire A ! Bon, et bien je te le laisse (je ne doute pas que tu feras mieux de toutes façons, vu ton niveau d’hellénisme très impressionnant) et me rabat sur les quipus ! Après tout, même si tes articles sont très axés sur l’Antiquité occidentale (ce qui est normal vu notre filière), l’histoire de l’Amérique est tout aussi passionnante !

    Bref, je vais me mettre à suivre ton blog, tu as intérêt à poster plus que l’année dernière parce que je vois que ce n’est point très actif tout ça 😉

    Aimé par 1 personne

    1. To Days of Inspiration dit :

      Ahah merci Jeanne mais l’helléniste confirmée de nous deux c’est plutôt toi 😛
      Peut-être qu’un jour tu trouveras la trace de Grecs en Amérique et moi d’Amérindiens en Grèce et qu’on pourra mettre notre savoir en commun 😀

      J’aime

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