Une étude en rouge, Arthur Conan Doyle

« Il se peut que le lecteur me prenne pour un indiscret invétéré en me voyant confesser à quel point cet homme piquait ma curiosité et combien de fois j’ai tenté de braver la réserve dont il faisait preuve à l’égard de tout ce qui le concernait. »

Il n’y a pas que notre cher John Watson qui soit fasciné par l’imminent « détective consultant » Sherlock Holmes. J’ai à mon tour été propulsée dans son univers en début d’année, quand j’ai regardé la série Sherlock pour la première fois. Pourtant, jamais je ne me serais attendue à trouver en Sherlock Holmes et dans John Watson des personnages aujourd’hui si chers à mon cœur. J’avais déjà depuis longtemps entendu parler de cette série, et en termes élogieux qui plus est. Mais je ne m’y étais alors pas intéressée plus que ça, car les thriller, les histoires de crime, les enquêtes n’avaient jamais été « mon truc ». Petite et adolescente, je préférais les drames, les épopées, l’heroic-fantasy et les récits de voyages dans le temps et ésotériques, ce genre de choses. Puis à partir de la fin du lycée j’ai commencé à lire les livres de Dan Brown, de José Rodrigues Dos Santos, dont j’aimais beaucoup les intrigues qui mêlaient science et mystère, religion et politique, et plus dans le style thriller. Mais les protagonistes de ces séries de livres, les professeurs Langdon et Noronha, me semblaient un peu insipides, et leur existence purement utilitaire : il fallait un personnage pour résoudre les mystérieux événements mis en scène par les écrivains. C’est un peu l’idée que je me faisais aussi du détective londonien, un résolveur de crime génial, certes, mais un peu vide quant à sa personnalité. Comme j’avais tort! Alors, je sais bien que le Sherlock Holmes de la série Sherlock n’est pas la copie conforme de celui de Conan Doyle, mais comme beaucoup de fans celui-ci m’a fascinée. L’évolution de ce personnage est la plus impressionnante et émouvante que j’ai vue dans une série. Il est attachant (ce avec quoi je n’aurais jamais fait rimer Sherlock Holmes!) et sa relation intense avec Watson m’a surprise et touchée au plus haut point.

Voilà, on est en 2020 et j’ai enfin été « sherlockée », je suis enfin devenue une Cumberbitch ahah, il était temps! Mon amour pour la série m’a donc donné envie de découvrir l’œuvre originale d’Arthur Conan Doyle. Je voulais, et veux toujours, trouver les ressemblances et les différences entre les deux Sherlock et découvrir le mythe qui avait donné naissance à une si belle amitié et à une, sinon LA, meilleure série que j’ai jamais vue. Après avoir fini la série, je me suis donc précipitée chez mon libraire préféré et j’y ai trouvé miraculeusement, caché dans un petit coin d’une étagère, comme s’il m’attendait, le volume 1 d’une intégrale des romans et nouvelles sur Sherlock Holmes, et en anglais en plus! Le cœur en joie, je suis repartie chez moi avec ce trésor sous le bras. Vous vous doutez que j’ai immédiatement commencé la lecture du premier roman dans le métro! Mais Maurine ça veut donc dire que tu l’as commencé avant le confinement… Oui c’est vrai, mais je n’avais pas eu le temps de le finir, ce que j’ai fais hier et ce matin! Et c’était génial!

Livre 2 : Une étude en rouge, Arthur Conan DOYLE

J’ai vraiment adoré lire ce livre avec la série en tête. J’imagine que ceux qui avaient lu et aimé tous les Sherlock Holmes avant la sortie de la série ont dû ressentir quelque-chose de similaire en la regardant pour la première fois, mais en inversé : le plaisir de trouver des easter-eggs partout! Bon en fait, c’est dans la série qu’il y a des easter-eggs des livres, mais pour moi c’était le contraire et c’était tout aussi amusant de tomber dessus. J’ai adoré lire dans les mots de Watson sa rencontre avec le détective. Et je trouve que, même si c’est souvent le cas aussi dans la série, c’est vraiment trop bien que Watson soit le personnage focalisateur. Bon je sens que je m’égare un peu et que la fan girl en moi à trop de choses à dire pour rédiger un article construit et facile à suivre ahah. Je vais tout de même essayer de relater mes impressions dans l’ordre.

Tout d’abord, un peu de contexte sur Une étude en rouge. C’est le premier livre d’Arthur Conan Doyle où apparaissent ses deux inséparables personnages. Le récit n’est pas raconté par un narrateur omniscients mais Doyle nous livre le journal de Watson (remplacé par son blog dans la série!). On assiste d’abord à la rencontre des deux hommes et à leur emménagement au 221B Baker Street. D’ailleurs, la scène de rencontre dans la série est exactement similaire à celle du livre. L’inspecteur de Scotland Yard Lestrade demande son aide à Sherlock pour résoudre un crime mystérieux qui a été commis au 3, Lauriston Gardens : pas de signe de lutte ou de blessure sur le cadavre et le mot « Rache » écrit en lettres de sang sur le mur. Je ne vais pas vous spoiler la résolution de cette enquête, mais si certains ont vu l’épisode « A Study in Pink », sachez que le coupable a des points communs avec celui du livre, – dont son modus operandi et son métier -, mais aussi des différences très importantes, – son mobile est complètement, mais alors complètement différent. Mais cette différence essentielle a permis que le livre garde toute sa surprise pour moi et j’avoue que jamais je ne me serais doutée de trouver de tels événements dans une enquête de Sherlock Holmes! Vraiment au début de la partie 2 du roman, je me suis demandée si j’étais toujours dans la même histoire! Bref, je conseille à tous ceux qui ne l’ont pas encore fait de le lire; c’était vraiment passionnant et… exotique ahah.

Ensuite, j’aimerais bien vous parler rapidement du style de Doyle et de la différence que fait la nature littéraire de la version roman de cette enquête. Je l’ai lu en anglais et j’ai bien fait! Un moment de doute m’assaille toujours quand je dois décider de lire un livre en VO ou en traduction : la VO peut être moins intuitive à comprendre et rendre la lecture plus laborieuse, puisque ce n’est pas ma langue maternelle, mais, d’un autre côté, en lisant une traduction je risquerais de ne pas sentir l’ambiance créée par l’auteur, de ne pas pouvoir profiter de son style et surtout, si la traduction s’avère n’être pas très bonne, la lecture ne sera sûrement pas très agréable non plus… Mais là je vous conseille, si vous le pouvez, de lire en anglais, car ce n’est pas une langue très compliquée (pour de l’anglais du XIXe s) et je sais pas mais je trouve le rythme et la construction des phrases de Doyle très agréables et mélodieuses. Il donne une voix particulière à Watson, à Sherlock et aux autres personnages et je ne sais pas à quel point cela peut être rendu par les traducteurs. Donc, le style très agréable, on a l’impression qu’on nous raconte une histoire et que les personnages sont vivants, tout en ayant ce petit grain de voix du XIXe. On sent que Sherlock fait une utilisation scientifique et précise du langage, il choisit le moindre de ses mots, ce qui rend ses répliques cinglantes et mémorables : « One’s ideas must be as broad as Nature if they are to interpret Nature. » / « Il faut avoir des idées aussi vastes que la Nature, si l’on veut pouvoir l’interpréter. » Au contraire, Watson laisse souvent échapper des paroles involontairement et spontanément, impressionné par les brillantes déductions de son compair. Ce qui indique sa sincérité et aussi, comme il relate lui-même dans son journal ces remarques ébahies, son admiration et sa fierté d’être le témoin de l’existence d’un esprit si fin et l’ami de Sherlock : « ‘Wonderful!’, I ejaculated. » / « ‘Merveilleux!’, m’écriais-je »

Enfin, j’ai eu le plaisir de trouver vers la fin du roman une courte réflexion autotélique sur le travail de l’auteur de crime-stories. En fait, dans le dernier chapitre, Sherlock se félicite lui même de son unique talent: la plupart des gens sont capables de deviner l’issue d’une affaire si on leur donne toutes les informations nécessaires, mais il faut un rare génie pour être capable, à partir de la seule issue d’une affaire, de retrouver tous les événements qui y ont conduit. On peut comprendre ce passage comme une scène d’auto félicitation et de démonstration d’orgueil de la part de Sherlock, mais on peut aussi y lire, plus ironiquement, une description indirecte et facétieuse du travail de Doyle lui-même : il doit en effet orchestrer la démarche déductive de son héros, et trouver lui-même l’ordre dans lequel ce dernier va réussir à retrouver le coupable à partir des indices présents sur la scène de crime. Le véritable inventeur de « la science de la déduction » dont Sherlock est si fier est en fait l’auteur lui-même, qui lui fait grâce de ce don. Lire le livre donne donc une dimension supérieure à la série : on ne voit pas seulement les personnages, leurs relations et les enquêtes qu’ils résolvent, mais on voit aussi l’auteur jouer avec eux !

Voilà pour aujourd’hui, amis lecteurs. Comme vous l’aurez compris, environ un siècle et demi après sa naissance, Sherlock Holmes a trouvé en moi une nouvelle admiratrice! Vraiment, si vous ne savez pas trop qui faire dans les prochaines semaines, je vous recommande chaudement de regarder Sherlock (disponible sur Netflix), c’est une série d’une très grande qualité. Je regrette presque de ne pas l’avoir vue au fur et à mesure de sa sortie, parce-que j’aurais tellement aimé faire partie de la communauté de fans à ce moment (ils faisaient crasher Tumblr à chaque fois qu’un épisode sortait!)

Allez je vous laisse à nouveau sur une citation que j’ai bien aimée et je vous souhaite de bonnes lectures et une bonne fin de week-end!

 » ‘What you do in this world is a matter of no consequence’, returnened my companion bitterly. ‘The question is, what can you make people believe that you have done?’ « 

 » ‘Ce que l’on fait n’a aucune importance aux yeux du monde, répondit mon compagnon avec amertume. La question, c’est de savoir ce qu’on peut lui faire croire.’ « 
– Sherlock Holmes

Maurine ❤

PS: toutes les traductions sont des traductions personnelles.

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